Entretien avec Chloé Salles, maître de conférences à L’École de journalisme de Grenoble (EJDG)

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L’ère digitale est signe de profondes mutations du paysage médiatique. Elle impacte tout. Les médias sont concernés mais aussi les marques, en ordre de bataille pour surfer au mieux sur ces transformations. Le point avec Chloé Salles, de l’EJDG.

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Quel navigateur digital êtes-vous ? Quels sont les sites sur lesquels vous vous plaisez à naviguer ? (à titre pro ou perso)

Dans le cadre professionnel, pour nourrir mes cours à l’Ecole de Journalisme de Grenoble, mais aussi pour stimuler ma recherche sur le journalisme et les enjeux que présentent pour lui le web et le numérique, je lis très régulièrement Satellinet, je consulte fréquemment le site de la Nieman Journalism Lab, et cette veille des actualités liées aux évolutions du journalisme (en termes éditoriaux, économiques, socioprofessionnels) se prolonge sur Facebook et Twitter. J’essaye de suivre des personnes clés liées à ces évolutions, qu’ils soient journalistes, experts, chercheurs.

Et durant mon temps libre, je décroche souvent de l’ordinateur. Quitte à trainer mes guêtres en ligne quand même, j’utilise plutôt la tablette pour approfondir des infos entendues à la radio, pour jeter un coup d’œil à mes blogs de cuisine préférés (je remarque d’ailleurs que le New York Times pulse beaucoup là-dessus dernièrement) à la recherche de quelques nouvelles recettes pour la semaine. J’aime aussi « feuilleter » le magazine Outside (sur les sports d’extérieur, un magazine originaire du Colorado). Enfin, je prends beaucoup de plaisir à chercher différents ouvrages sur Ibooks et d’en lire les extraits avant de décider ou non de les acheter. Ca va de l’interview Rolling Stone de Susan Sontag, à « La théorie de l’information » d’Aurélien Bellanger en passant par les recueils de poésie de Hafez. J’aime beaucoup Ibooks !

Enfin, j’aime beaucoup Instagram.

 

Quelle est le dernier fait lié à l’actu du web qui vous ait interpelé ? Pourquoi ?

Le lancement d’Instant articles par Facebook en mai 2015, et ce en béta test avec quelques médias dont The New York Times et National Geographic. Ce sont aujourd’hui les GAFAM(Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui établissent les règles du jeu de la visibilité en ligne, et comme l’ont montré Nikos Smyrnaios et Frank Rebillard, ceci participe à l’évolution des pratiques journalistiques, et continue d’interroger le pluralisme et la diversité de l’information en ligne.

 

Quel est votre point de vue sur la marque-média ? Contribue-t-elle à enrichir le paysage éditorial et la conversation en ligne ?

Avec la « marque média », la concurrence des médias d’information évolue, et ce depuis maintenant près d’une quarantaine d’années. Bernard Miège parle de « procès d’informationnalisation » (2007) pour décrire le contexte de « circulation croissante et accélérée des flux d’information édités ou non » dans lequel se joue cette évolution. De mon point de vue, la marque média contraint les médias et les journalistes à se repositionner vis-à-vis d’elle. Face à ces concurrents avec lesquels ils ont entretenu pendant longtemps un lien économique essentiel à leur survie, les médias sont contraints de s’adapter, en se renouvelant et en se démarquant par les pratiques journalistiques dont ils dépendent (qu’ils rendent plus visibles, plus transparents pour rétablir de la confiance avec les lecteurs).

 

Pour vous, quelles synergies entre les marques et les médias sont possibles sans peser sur la crédibilité de ces derniers ?

Je crois que Julia Cagé fait une proposition intéressante de modèle économique dans « Sauver les médias » (2015) : la société de média. Celle-ci reposerait sur un modèle hybride mêlant activité commerciale et non-lucrativité inspiré de celui des grandes universités aux Etats-Unis. Il y aurait alors moins de raison de pousser pour une « synergie » entre marques et médias.

 

2025, Odyssée des contenus ! À quoi ressembleront les contenus digitaux dans 10 ans ?

A ce à quoi nous ressemblerons en 2025.

 

Votre job « next generation » : ce qui va révolutionner les métiers de l’éditorial dans les prochaines années ?

Le contact amplifié entre les journalistes et d’autres professions qui participent à la production de l’information (développeurs, graphistes, producteurs, linguistes, etc.) participe à faire évoluer ces « métiers de l’éditorial ». Nous travaillons là-dessus au sein du laboratoire Gresec avec mes collègues Laurie Schmitt et Isabelle Pailliart.

 

Votre Nord, votre conviction… en matière de transformation digitale ?

Elle est souvent « surpensée ». Nous attendons trop d’elle, nous lui attribuons tous les pouvoirs (à écouter Mark Zuckerberg, les inégalités du monde seraient résorbables grâce à Facebook !) alors que ces transformations sont liées à nos propres pratiques très diverses du « digital ».

 

 

Article publié par Julien François

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