Fracture digitale subie ou choisie : ces cibles que vous ne toucherez pas

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– Aïe, docteur, c’est cassé ? – Oui, c’est une belle fracture digitale !

À l’ère du tout-connecté, où le marketing digital semble (mais l’est-il vraiment ?) omniprésent, il existe pourtant en France des groupes de personnes qui échappent, volontairement ou non, à cette sphère numérique.

Qu’il s’agisse d’un choix délibéré ou d’une contrainte imposée par leur situation, ces individus constituent des zones d’ombre dans le paysage digital français. Explorons ensemble ces groupes souvent méconnus et les raisons de leur absence du monde numérique.

Les détenus : privés de liberté numérique

En France, l’accès à Internet en prison est strictement limité, voire inexistant. Sur les 72 000 détenus en 2023, seule une infime minorité peut accéder à des contenus numériques, et ce, de manière très encadrée. L’administration pénitentiaire expérimente depuis 2016 le dispositif « Numérique en détention » (NED), mais son déploiement reste lent.

En 2022, seuls 1 500 détenus dans 27 établissements bénéficiaient d’un accès limité à des services numériques via des tablettes sécurisées. Cette situation exclut de facto les détenus du champ d’action du marketing digital, à plus ou moins long terme selon les situations individuelles, créant un fossé numérique qui peut compliquer leur réinsertion à leur sortie.

Fracture digitale dans les zones blanches : l’isolement digital rural

Malgré les efforts pour réduire la fracture numérique, certaines zones rurales en France restent mal desservies en termes de connexion Internet. En 2023, environ 0,6% des locaux français n’avaient toujours pas accès au très haut débit (>30 Mbit/s). Cela vous semble « peu » ? Le chiffre représente tout de même environ 200 000 foyers, soit potentiellement 500 000 personnes vivant dans des « zones blanches » ou mal couvertes.

Ces habitants sont de fait partiellement ou totalement exclus des stratégies de marketing digital, limitant leur accès à certains services et informations en ligne.

Les personnes âgées : la fracture générationnelle

Bien que la situation s’améliore, une partie significative des seniors français reste en marge du monde numérique. Selon une étude de l’INSEE de 2021, 67% des 75 ans et plus n’utilisaient pas Internet. Cela représente environ 4 millions de personnes âgées en France qui sont peu ou pas touchées par le marketing digital.

Les raisons sont multiples : manque d’intérêt, difficultés d’apprentissage, ou encore crainte face aux nouvelles technologies. Cette fracture numérique générationnelle pose des défis importants en termes d’inclusion sociale et d’accès aux services, notamment dans un contexte de dématérialisation croissante des démarches administratives.

Les « déconnectés volontaires » : résistance au tout-numérique

Un groupe moins visible, mais en croissance, est celui des personnes choisissant délibérément de limiter leur présence en ligne. Bien qu’il soit difficile de quantifier précisément ce phénomène, une étude de l’ADEME en 2022 révélait que 23% des Français envisageaient de réduire leur usage du numérique. Les motivations sont variées : préoccupations environnementales, volonté de protéger sa vie privée, ou simplement désir de déconnexion face à la surcharge informationnelle. Ces individus, « potentiellement connectés », car en la matière très souvent quand on veut, on peut, deviennent des cibles difficiles à atteindre pour le marketing digital traditionnel… Et en même temps, on ne peut que s’en réjouir : liberté, j’écris aussi ton nom sur mon clavier d’ordinateur !

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On se résume ? Ces différents groupes, qu’ils soient exclus par contrainte ou par choix, représentent une part non négligeable de la population française qui échappe aux stratégies classiques du marketing digital. Cette réalité soulève des questions importantes sur l’inclusivité numérique et l’adaptation nécessaire des services publics et privés. Elle rappelle aussi que, malgré l’omniprésence apparente du numérique, des pans entiers de la société restent en marge de cette révolution digitale.

Pour les marketeurs et les décideurs politiques, le défi est double : d’une part, trouver des moyens d’inclure ces groupes sans les forcer, et d’autre part, adapter les stratégies pour ne pas les laisser de côté dans un monde de plus en plus connecté.

Sources :
Ministère de la Justice, « Numérique en détention », 2022
Arcep, « La couverture numérique du territoire », 2023
INSEE, « Une personne sur six n’utilise pas Internet, plus d’un usager sur trois manque de compétences numériques de base », 2021
ADEME, « La face cachée du numérique », 2022
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